Se positionner face à la société

Trucs et astuces qui marchent (ou pas) lorsque vos enfants passent trop de temps sur les écrans (comme tout le monde !)

Se positionner face à la société

Récemment, j’ai rencontré un jeune commercial en informatique qui me parlait de son métier et s’étonnait de mon peu de connaissances dans ce domaine. Alors je lui ai expliqué que, contrairement à lui, je n’avais pas découvert internet au berceau (j’avais 16 ans quand j’ai vu un email pour la première fois de ma vie), et dans mon parcours professionnel, la seule formation majeure en informatique que l’on nous a dispensée consistait à nous enseigner l’art de créer un… powerpoint ! Ne riez pas, c’était tout un événement pour nous, à l’époque…

Lorsque je vois les tablettes, les smartphones, les ordinateurs portables, et tous les objets connectés déjà existants ou qui existeront bientôt, j’ai l’impression que notre monde a été happé dans un tourbillon technologique plus dangereux pour lui qu’il ne le réalise. Or, nous avons la responsabilité de donner des repères à nos enfants, alors que, dans ce domaine-là, nous n’en avons pas eus nous-mêmes ! C’est un sacré défi.

Tout le monde est à peu près d’accord sur l’importance théorique de limiter les écrans, mais dans la pratique, comment faire dans une société où tout devient numérique (même la déclaration d’impôts), et où les écrans viennent même remplacer les cartables de nos enfants ? Dans une société où même les articles qui dénoncent l’importance excessive des écrans sont publiés sur… internet !?

Vous trouverez (encore sur internet !!!) de nombreux articles sur le sujet qui vous donnent d’excellents conseils. Mais, si vous me le permettez, au cours des prochaines semaines, j’aimerais vous proposer les quelques principes essentiels que nous avons établis chez nous. Ils vous seront peut-être utiles, à vous aussi.

Et voici le premier principe : posez des limites dans l’acquisition de ces technologies. En d’autres termes, réfléchissez avant d’acheter. L’enfant n’est-il pas trop jeune ? Pas trop susceptible d’être happé par l’objet ? Capable d’en prendre soin ? D’en faire bon usage ? Etc. Car le meilleur moyen de ne pas passer trop de temps sur une tablette, un ordinateur ou un smartphone, c’est de ne pas en avoir !

Lorsque nos filles nous ont demandé des tablettes, nous les avons encouragées à faire des économies pour les acheter elles-mêmes. N’oublions pas que cela représente un budget considérable, et il est important que les enfants en prennent conscience. Nos filles ont donc précieusement économisé un euro après l’autre. Et un jour, elles ont déposé avec fierté toute leur petite monnaie devant une vendeuse en échange du précieux objet.

Or, une fois les précieuses tablettes en leur possession, l’une des tablettes… ne s’est pas remise d’un violent coup de coude qu’elle a reçu au cours d’une dispute, tandis que l’autre, qui avait tout de même vécu une année, n’a pas résisté à une chute d’1m20 de haut. Nous sommes allés voir un spécialiste en appareils numériques, et… après avoir entendu son diagnostic fatal et son pronostic plutôt onéreux pour opérer les deux engins, nous avons encouragé nos filles à… faire de nouvelles économies pour financer la réparation de leurs tablettes ou s’en acheter des nouvelles… À ce jour, elles n’en ont toujours pas. Je suis sûre que ces mésaventures nous ont permis de gagner quelques milliers d’heures sans écran. Et, cerise absolue sur le gâteau, notre fille aînée nous a dit récemment : « Finalement, je réalise que c’est bien de ne pas avoir de tablette. Quand j’en avais une, je passais beaucoup de temps sur l’écran et je ne jouais plus vraiment avec les autres. Ce n’était pas une bonne chose ! »… Instant de grâce..

Nos enfants ont également voulu des téléphones portables pour leur entrée au collège. Mais, dans un premier temps, nous avons investi dans des téléphones bas de gamme, non tactiles, et sans internet. Des téléphones qui permettaient uniquement de téléphoner, d’envoyer des sms et d’écouter un peu de musique. Nos enfants devaient nous prouver qu’ils savaient être soigneux avec ces téléphones basiques avant que nous envisagions d’acquérir des appareils plus performants (l’épisode des tablettes cassées a été un argument supplémentaire !). Et la décision s’est avérée sage. Le premier téléphone de notre aîné est passé à la machine à laver (oups), tandis que le premier téléphone de notre cadette a essuyé un nouveau coup de coude (décidément !). À deux reprises, les enfants ont égaré les téléphones au collège, mais ils les ont retrouvés sans problème à la vie scolaire le lendemain, car personne ne vole des téléphones aussi rudimentaires (au contraire, j’imagine que ces téléphones font tellement pitié à ceux qui les retrouvent qu’ils les rapportent immédiatement aux objets trouvés !)

Nos enfants se sont-ils plaints de ne pas avoir le même téléphone génial et ultra-moderne que leurs copains ? Oui, bien sûr, au début. Mais vous savez quoi ? J’ai découvert que nous avons le droit de dire « non » à nos enfants. Et aussi que nous ne sommes pas du tout obligés de faire comme tout le monde. Je crois que c’est notre capacité à dire « non » quand tout le monde dit « oui » qui fait de nous de bons parents. Nos enfants garderont le souvenir de parents non influençables, solides et avisés. À défaut de la technologie dernier cri, nous leur offrons un exemple parental d’anticonformisme et de liberté. Et peu à peu, ils se positionnent eux aussi de manière libre par rapport à notre monde. Ils réalisent que le vrai luxe, ce n’est pas de posséder des choses, mais d’être capable de ne pas avoir besoin de tout ce qui semble tellement indispensable aux autres.

Et quand vous l’aurez lu, faites-moi plaisir, éteignez votre écran et allez jouer avec vos enfants. Merci pour eux !

Par Vanessa Bonnefont pour iCharacter


Pour poursuivre la réflexion sur la place des écrans dans la vie des jeunes enfants, je vous propose cet article.