Que fait-on quand on n’en peut plus ?

Trucs et astuces qui marchent (ou pas) lorsque vous vous sentez dépassé(e) en tant que parent.

J’ai dû me rendre à l’évidence récemment, et admettre ce terrible paradoxe : j’aime mes enfants, mais il m’arrive souvent de ne plus les supporter. Et, bien sûr, lorsque je ne les supporte plus, je culpabilise. Je devrais être capable de les supporter, non ? C’est la base, en tant que mère. Si vous êtes en train de me juger en ce moment précis, c’est probablement que vous n’avez pas d’enfant, ou alors des enfants extraordinairement sages, et dans ce cas, j’aimerais votre secret…

Moi, j’avoue que parfois, je suis gagnée par certaines envies inavouables au sujet de mes enfants. Comme la semaine dernière, lorsqu’ils se sont disputés dans la voiture pendant que je conduisais et que j’ai eu cette idée fulgurante dont je n’ai même pas eu honte. Je me suis dit : j’arrête la voiture, je les fais tous descendre, et je repars, en les laissant là, sur le bas-côté. Et j’en profite pour partir toute seule en week-end. Mais bon, la raison a repris le dessus…

Que fait-on quand on n’en peut plus ? Comment éviter de faire ou de dire à nos enfants des choses que nous regretterons profondément plus tard mais qui sont simplement le fruit de notre exaspération ? Permettez-moi de vous proposer quelques pistes basiques mais qui pourront peut-être vous aider un peu.

Piste n° 1 : Allez dormir. Reposez-vous. Lorsqu’un parent perd patience avec son enfant, c’est souvent parce qu’il ou elle est exténué(e). C’est le cas des parents qui empoignent trop violemment un nourrisson qui les réveille pour la dixième fois au cours de la même nuit… Les parents fatigués ne font pas de bons parents. Alors dormez. Si possible, instaurez avec vos enfants un rituel de temps calme en début d’après-midi où vous pourrez faire la sieste. À défaut, reposez-vous le week-end. Relayez-vous entre parents. Ou sollicitez quelqu’un qui emmènera votre tribu en balade pendant que vous reprendrez des forces. Faites une cure de sommeil de quelques jours en vous couchant tous les soirs à la même heure que vos enfants. Et tant pis pour les corvées. Votre santé est bien plus importante !

Piste n° 2 : Ne culpabilisez pas. Les enfants ont une énergie que les parents n’ont plus forcément. Et s’ils sont plusieurs, le défi est immense. Les canaliser, les éduquer, les stimuler requiert de la force. Chez nous, il y a 4 enfants, contre 2 parents. En termes d’énergie, le combat est largement inégal !!! Être à bout ne fait pas de nous des mauvais parents, mais des parents humains, tout simplement. Et que le parent qui n’a jamais craqué jette la première pierre à tous les autres parents de la Terre !

Piste n° 3 : Entourez-vous de personnes qui pourront vous aider. Aucun parent n’est parfait, et aucun parent n’est complet. Alors pourquoi ne pas mobiliser plusieurs autres adultes pour accompagner vos enfants dans les différents défis que la vie leur présente ? Un célèbre proverbe africain dit ceci : « Il faut tout un village pour élever un enfant ». Et c’est vrai. Un enfant qui peut côtoyer divers adultes dans divers contextes bénéficiera d’une éducation beaucoup plus variée et riche qu’un enfant évoluant dans une famille repliée sur elle-même et où toute la transmission repose sur les épaules de deux parents uniquement, voire d’un seul… De plus, lorsqu’un enfant apprend auprès des uns et des autres, cela permet à ses parents de souffler un peu. Je suis persuadée que l’individualisme de notre société favorise l’épuisement parental.

Personnellement, j’ai appris à demander de l’aide et à accepter l’aide que l’on me propose. Telle mamie va venir aider les enfants dans leurs devoirs pendant que je me repose…. Tel papi va emmener notre aîné à la pêche, ce qui réduira immédiatement le nombre de disputes entre nos enfants (quand il n’y a plus de bagarreurs, il n’y a plus de bagarres !) D’ailleurs ce même papi lui a appris à jouer aux échecs. Et c’est son capitaine, chez les Jeunes Sapeurs Pompiers, qui lui a appris… qu’il pouvait s’occuper lui-même de son linge ! Tel ami musicien va intégrer nos filles dans sa chorale où elles dépenseront un peu de leur immense énergie, telle voisine accueillera le plus petit l’espace d’une journée pour que mon mari et moi puissions profiter d’une sortie à deux, telle amie viendra m’aider pour le ménage, telle autre pour la couture, etc. Évidemment, nous leur renvoyons l’ascenseur. Nous accueillons souvent les enfants des autres. Et nous ne sommes pas perdants. Les nôtres sont bien plus serviables quand ils ont de la compagnie…

Bref, vous avez compris l’idée. Un parent dépassé doit passer le relais. Parfois, il suffit d’un peu d’aide, de quelques encouragements et d’une bonne nuit de sommeil pour repartir sur une bonne base.

Piste n° 4 : Dites la vérité à vos enfants. Sans leur faire de reproche, expliquez simplement à vos enfants ce que vous ressentez et ce que vous attendez d’eux, et ce dès leur plus jeune âge, avec des mots qu’ils peuvent comprendre. Il m’est arrivé plus d’une fois de dire à ma petite tribu : « Les enfants, vous savez que je vous aime, mais là je suis épuisée, je n’en peux plus. Je n’ai plus de force ce soir. Je ne vais pas pouvoir faire grand-chose. Est-ce que vous pourrez vous débrouiller comme des grands ? » Et à chaque fois, ils ont été sensationnels. Je me souviens d’un soir où mes deux aînés m’ont faite asseoir sur le canapé, me ramenant un oreiller moelleux et une couverture douillette, pendant que la troisième me préparait des tartines et que le plus jeune me faisait des bisous. Dans ces instants-là, ma fragilité les a fait grandir. Et l’expression de leur compassion a été inoubliablement délicieuse ! Cela en valait la peine, vraiment.

Par Vanessa Bonnefont pour iCharacter


Et voici un article sur le burn-out maternel, pour approfondir la question.