Lorsque le mensonge est particulièrement grave

Trucs et astuces qui marchent (ou pas) lorsque vos enfants vous mentent (et que leur mensonge va trop loin…)

Lorsque le mensonge est particulièrement grave

Parfois les choses dérapent… et certains mensonges peuvent vous entraîner très loin. Mentir à ses parents sur des devoirs non faits ou une chambre non rangée, c’est une chose. Mais certains mensonges sont très lourds de conséquences, et ils peuvent engendrer des souffrances et des drames, dont l’impact dépassera de loin le simple cercle familial.

Il y a quelques années, un adolescent qui se confiait à nous a mis en cause l’un de ses parents pour des faits extrêmement graves. Des faits qui, s’ils s’avéraient exacts, pouvaient conduire le parent incriminé directement en prison, et pour longtemps. C’est l’un des plus lourds dilemmes que nous ayons eus à affronter. Nous connaissions la famille. Le jeune homme avait donné sa version des faits. Les parents prétendaient qu’il mentait. Il prétendait qu’ils mentaient. C’était une famille totalement déchirée, en souffrance totale, et nous nous sentions impuissants à les aider. C’est la justice qui, finalement, a eu la lourde tâche de déterminer qui mentait dans cette histoire. Mais lorsque la machine judiciaire s’est mise en marche, elle a écrasé tout le monde sur son passage.

Je crois, mais je suis peut-être naïve, que les familles ne sombrent pas dans de telles détresses du jour au lendemain. Parfois, le mensonge fait véritablement partie de la culture familiale. Dans certaines familles, le mensonge est tellement présent qu’il en devient pathologique. Les personnes finissent par se mentir à elles-mêmes. La simple mauvaise foi peut ainsi finir en paranoïa totale. Malheureusement, lorsqu’on cultive le mensonge comme un art de vivre, c’est la folie qui nous guette. S’en sortir est alors beaucoup plus difficile et cela nécessitera souvent l’intervention de médiateurs.

De plus, à partir du moment où l’on considère que certains mensonges sont acceptables, on se retrouve face à une lourde problématique : pourquoi certains mensonges seraient-ils acceptables et d’autres pas ? Quels sont les mensonges que l’on peut admettre et quels sont ceux que l’on doit juger inadmissibles ? Et pourquoi les parents auraient-ils le droit de mentir, par exemple, alors que les enfants n’ont pas le droit de le faire ? Cela n’a pas le moindre sens dans la tête d’un enfant.

Je revois cette mère de famille qui se lamentait parce que sa fille adolescente lui mentait, et même lui volait de l’argent. Et voilà qu’au cours de la même conversation, elle m’a dit qu’elle était très contente d’avoir trouvé un patron pour faire travailler sa fille durant l’été, même si c’était pour du “travail au noir”… J’avoue m’être mordue sur les lèvres en entendant cela. Elle reprochait à sa fille de lui mentir et de la voler, alors qu’elle encourageait cette même jeune fille à mentir aux services fiscaux et à voler l’État…

On ne peut tout simplement pas avoir deux poids deux mesures. Le meilleur moyen de ne pas avoir des enfants menteurs, c’est de ne pas mentir soi-même.

Les spécialistes ont déjà largement démontré à quel point les lourds secrets de famille, les tabous, les non-dits, et les mensonges étaient destructeurs pour les enfants. À l’inverse, la liberté, aussi douloureuse soit-elle, est libératrice. Françoise Dolto disait : « L’enfant a toujours l’intuition de son histoire. Si la vérité lui est dite, cette vérité le construit. » Sans vérité, pas de culture familiale saine.

Alors, parents, cultivez la vérité. C’est l’un des meilleurs services que vous pouvez rendre à vos enfants. Et si vous êtes vous-mêmes empêtrés dans les mensonges, faites une première démarche de vérité en allant trouver une personne compétente et extérieure à votre situation avec qui vous pourrez vous entraîner à être vrais. Ce chemin ne sera pas simple, mais il en vaut la peine, vraiment.

Avez-vous des exemples de situations dans lesquelles la vérité a libéré votre famille ?

Par Vanessa Bonnefont pour iCharacter